Histoire de la Musique par Guillaume Kosmicki

Description

Responsable de l'Atelier :  Dominique Laugel

Intervenant :

    Guillaume Kosmicki, Musicologue et conférencier

Le parcours singulier et les différents domaines de prédilection de Guillaume Kosmicki le rendent inclassable. Né en 1974, il a suivi des études de musicologie à l’université d’Aix-en-Provence (D.E.A.) et s’est spécialisé dans les musiques électroniques populaires et les raves, dont il a été en France un des premiers spécialistes à partir de 1995. Loin de rester cantonné à un unique domaine, il a ouvert ses recherches vers de nombreuses autres voies, comme la musique classique, l’opéra, les musiques savantes du XXe siècle, le jazz, qu’il aborde fréquemment dans ses présentations.

À l’image de cet éclectisme dans ses centres d’intérêts, Guillaume Kosmicki est guitariste, violoniste et chanteur au sein du groupe Öko System de 1994 à 2010. Il pratique la musique électronique live sous le nom de Tournesol entre 1997 et 2010. Entre 2004 et 2006, il est engagé comme guitariste au sein groupe Miss Helium. Il intègre l’Orchestre de chambre de Vannes au violon de 2010 à 2015. Il est aujourd’hui musicien au sein de la troupe de théâtre Lune et l’autre.

Ses conférences sont destinées aussi bien aux mélomanes avertis qu'aux simples curieux. Elles ne nécessitent pas de connaissances musicales particulières

​Il ne s'agit pas d'écouter des œuvres musicales mais de prendre connaissance de la musique dans le contexte d'une époque ou d'un genre, au travers d'un exposé détaillé sur la vie du compositeur, les circonstances dans lesquelles ont été écrites telle ou telle oeuvre, sous quelle influence éventuelle, etc.

​Chaque exposé est agrémenté d'extraits.

Ces séances, consacrées à une oeuvre, un thème ou à un artiste particulier, se déroulent entre écoutes et commentaires analytiques.

​Cette approche permet de balayer plusieurs siècles d'histoire de la musique (depuis le baroque jusqu'à nos jours) à travers un cycle chronologique de dix rencontres, et de s'arrêter sur des œuvres-phares du répertoire comme sur d'autres un peu moins connues, tout en se penchant sur le contexte esthétique et la biographie des compositeurs et compositrices.

​​Guillaume Kosmicki accompagne avec passion la découverte d'une oeuvre. Chaque rencontre est un voyage musical.

Il reste encore une vingtaine de places !

Programme de l'atelier Histoire de la musique 2024-2025

16/10/2024 : Les Indes galantes de Jean-Philippe rameau (1735)

Les Indes galantes (sous-titré « Ballet héroïque ») est le premier en date des six opéra-ballets de Jean-Philippe Rameau, créé en 1735. Il est composé d'un prologue et de quatre entrées, sur un livret de Louis Fuzelier1. Cette œuvre est généralement considérée comme la plus représentative et le chef-d'œuvre du genre de l'opéra-ballet. C'est aussi celle qui aujourd'hui est la plus représentée parmi les œuvres lyriques de Rameau.

Historique

L’œuvre est créée le 28 août 1735; c’est la deuxième composition de Rameau pour la scène, après la tragédie lyrique Hippolyte et Aricie. Elle ne comporte alors que trois entrées, la dernière n’ayant été ajoutée qu’un peu plus tard, lors d’une représentation le 10 mars 1736. Cette structure « à géométrie variable » est permise par l’esprit de l’opéra-ballet, où l’on ne parle pas d’actes, mais d’entrées, pour bien marquer que les différentes parties n’ont entre elles qu’une analogie thématique, et ne constituent en rien une intrigue suivie.

 

Le genre a été créé par André Campra (L'Europe galante en 1697, puis Les Fêtes vénitiennes en 1710) et Rameau, malgré la pauvreté et les invraisemblances du livret, le porte à son apogée grâce à une musique admirable qui lui assura de très nombreuses représentations au cours du XVIIIe siècle. Alors que Campra racontait des histoires galantes dans différents pays européens, Rameau exploite la même veine à succès mais recherche un peu plus d’exotisme et d'orientalisme dans des Indes très approximatives qui se trouvent en fait en Turquie, en Perse, au Pérou ou chez les Indiens d’Amérique du Nord. L’intrigue ténue de ces petits drames sert surtout à introduire un « grand spectacle » où les costumes somptueux, les décors, les machineries, et surtout la danse tiennent un rôle essentiel.

Les Indes galantes symbolisent l’époque insouciante, raffinée, vouée aux plaisirs et à la galanterie de Louis XV et de sa cour. Elles établissent définitivement Rameau, alors âgé de 52 ans, comme le maître du spectacle lyrique de son temps ; ainsi Hugues Maret rapporte-t-il :

« On l'accusait d'être incapable de faire de la musique tendre, gaie, légère ; et l'opéra des Indes galantes, dans lequel tous les différents caractères de la musique sont réunis, acheva de fermer la bouche à ses envieux. »
Cette œuvre majeure du répertoire lyrique français a été oubliée pendant plus d’un siècle et demi. C’est en 1925 que la 3e entrée (Les Incas du Pérou) a été reprise à l’Opéra-Comique, et en 1952 que son intégralité a été remise en scène, cette production ayant été reprise en 1957 à l’opéra royal du château de Versailles en présence de la reine d’Angleterre, alors en visite officielle en France.


13/11/2024 : La flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart (1791)

Wolfgang Amadeus Mozart ou Johannes Chrysostomus Wolfgangus Theophilus Mozart, né le 27 janvier 1756 à Salzbourg (Principauté archiépiscopale de Salzbourg) et mort le 5 décembre 1791 à Vienne, est un compositeur autrichien de la période classique. Il est considéré comme l'un des plus grands compositeurs de l'histoire de la musique européenne. Avec Joseph Haydn et Ludwig van Beethoven, il a porté à son apogée l'école classique viennoise.

Enfant prodige et compositeur précoce, il est produit en public dès l'âge de sept ans à travers l'Europe où il subjugue les assistances avec sa sœur Maria Anna. Mort à trente-cinq ans, il laisse une œuvre considérable (893 œuvres sont répertoriées dans le catalogue Köchel).

Selon le témoignage de ses contemporains, il était, au piano comme au violon, un virtuose. Il a écrit dans tous les genres musicaux de son époque et a excellé dans chacun d'eux. On reconnaît généralement qu'il a porté à un point de perfection le concerto, la symphonie et la sonate, et qu'il fut l'un des plus grands maîtres de l'opéra.

Son succès ne s'est jamais démenti et son nom est passé dans le langage courant comme synonyme de talent, sinon de génie précoce.

 

La Flûte enchantée, K. 620, dont le titre original en allemand est Die Zauberflöte, est un opéra chanté (singspiel) composé par Mozart sur un livret d'Emanuel Schikaneder.

La première représentation a lieu le 30 septembre 1791 dans les faubourgs de Vienne, au théâtre de Schikaneder (Theater auf der Wieden) petite salle en bois édifiée quatre ans plus tôt dans une des propriétés du prince de Starhemberg) et fréquentée par un public plus populaire que celui d'une salle d'opéra habituelle1. Du fait de son succès, la 100e représentation est atteinte un an plus tard. C'est dans cet opéra que l'on entend le célèbre air de la Reine de la Nuit et plusieurs autres airs ou chœurs, comme l'air de l'oiseleur, le duo de Tamino et Pamina et les deux airs de Sarastro, dont l'un avec chœur.

S'inspirant d'oeuvres littéraires récentes pour le livret et de certains morceaux de Jean-Sébastien Bach pour la musique, La Flûte enchantée est le dernier opéra de Mozart : celui-ci meurt quelques semaines après la première représentation.

04/12/2024 : Concerto pour piano n° 5 "L'Empereur" de Ludwig van Beethoven (1809)

Ludwig van Beethoven est un compositeur, pianiste et chef d'orchestre allemand, né à Bonn le 15 ou le 16 décembre 1770 et mort à Vienne le 26 mars 1827 à 56 ans.

Dernier grand représentant du classicisme viennois (après Gluck, Haydn et Mozart), Beethoven a préparé l’évolution vers le romantisme en musique et influencé la musique occidentale pendant une grande partie du XIXe siècle. Inclassable (« Vous me faites l’impression d’un homme qui a plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes » lui dit Haydn vers 1793), son art s’est exprimé à travers différents genres musicaux, et bien que sa musique symphonique soit la principale source de sa popularité, il a eu un impact également considérable dans l’écriture pianistique et dans la musique de chambre.

Surmontant à force de volonté les épreuves d’une vie marquée par la surdité qui le frappe à l'âge de 27 ans, célébrant dans sa musique le triomphe de l’héroïsme et de la joie quand le destin lui imposait l’isolement et la misère, il sera récompensé post mortem par cette affirmation de Romain Rolland : « Il est bien davantage que le premier des musiciens. Il est la force la plus héroïque de l’art moderne ». Expression d’une inaltérable foi en l’homme et d’un optimisme volontaire, affirmation d’un artiste libre et indépendant, l’œuvre de Beethoven a fait de lui une des figures les plus marquantes de l’histoire de la musique.

 

Le Concerto pour piano en mi bémol majeur opus 73 (connu aussi sous le nom de L'empereur ou Concerto Empereur, mais non de l'invention du compositeur) est le dernier des cinq concertos pour piano de Ludwig van Beethoven. Sa composition commence vers 1808-1809 et est à peu près contemporaine de celle de ses Cinquième et Sixième symphonies. Sa première représentation a eu lieu en janvier 1811 avec l'archiduc Rodolphe d'Autriche en soliste, son élève, à qui sera dédié le concerto. Si l'on a pu dire du quatrième que c′était son plus intime, on peut désigner le cinquième comme son plus explicite, son plus ouvert.

29/01/2025 : La chauve-souris de Johann Strauss II (1874)

Johann Strauss II, dit Johann Strauss fils (Johann Strauss Sohn) ou Johann Strauss le jeune, né le 25 octobre 1825 à Vienne et mort le 3 juin 1899 dans la même ville, est un compositeur autrichien.

On lui doit en particulier de la musique de danse et des opérettes. Il a composé plus de 500 valses, polkas, quadrilles, et d'autres types de musique de danse, ainsi que plusieurs opérettes et un ballet. Surnommé « le roi de la valse », il est responsable de la popularité de la valse à Vienne au cours du XIXe siècle.

Ses deux jeunes frères, Josef et Eduard Strauss, également compositeurs de musique légère, n'ont jamais eu la notoriété de leur frère aîné. Parmi ses œuvres les plus célèbres, on peut citer Le beau Danube bleu, La Valse de l'empereur, les Histoires de la forêt viennoise et la Tritsch-Tratsch-Polka. Parmi ses opérettes, La Chauve-souris et Le Baron tzigane sont les plus connues.

Ses frères et lui, ainsi que leur père, n'ont aucun lien de parenté avec Richard Strauss, qui est allemand.

 

Die Fledermaus (en français, La Chauve-Souris) est une opérette viennoise de Johann Strauss II composée en 1874 et créée au Theater an der Wien de Vienne le 5 avril 1874.

À la base du livret, une pièce autrichienne de 1851, Das Gefängnis (La Prison) adaptée par Henri Meilhac et Ludovic Halévy en 1872 sous le titre Le Réveillon. L'œuvre retourne à Vienne, où l'histoire est transformée par Richard Genée et Karl Haffner (de). Strauss achève la partition en 42 jours et connait le succès dès sa sortie.

Créée en français à Paris le 30 octobre 1877 sous le titre La Tzigane, dans une version remaniée de Delacour et Wilder, elle ne rencontre le succès qu'à partir de 1904 dans une nouvelle adaptation de Paul Ferrier.

26/02/2025 : Requiem de Giuseppe Verdi (1874)

Giuseppe Fortunino Francesco Verdi, né Joseph Fortunin François Verdi le 10 octobre 1813 à Roncole et mort le 27 janvier 1901 à Milan, est un compositeur romantique italien. Son œuvre, composée essentiellement d’opéras, unissant le pouvoir mélodique à la profondeur psychologique et légendaire, est l'une des plus importantes de toute l'histoire du théâtre musical.

Verdi est l'un des compositeurs d'opéras italiens les plus influents du XIXe siècle, son influence comparable à celle de Gioachino Rossini, Vincenzo Bellini, Gaetano Donizetti et Giacomo Puccini. Ses œuvres sont fréquemment jouées dans les opéras du monde entier et, dépassant les frontières du genre, certains de ses thèmes sont depuis longtemps inscrits dans la culture populaire comme « La donna è mobile » de Rigoletto, le « Brindisi » de La traviata, le « Va, pensiero » de Nabucco ou la « Marche triomphale » d'Aida. Les opéras de Verdi dominent encore le répertoire de l'art lyrique un siècle et demi après leur création.

Peu engagé politiquement, il a cependant autorisé l'utilisation de son image et de ses œuvres dans le processus de réunification de la péninsule italienne et demeure de ce fait, aux côtés de Giuseppe Garibaldi et de Camillo Cavour, une figure emblématique du Risorgimento.

 

La Messa da requiem de Giuseppe Verdi (plus communément appelée Requiem de Verdi) est une messe de requiem pour solistes (soprano, mezzo-soprano, ténor et basse), double chœur et orchestre, créée le 22 mai 1874.

Pour le compositeur, elle devait à l'origine signifier la fin et le couronnement de sa carrière. Après avoir connu le succès avec l'opéra Aida en 1871, Verdi composa la Messa da requiem en mémoire de son compatriote le poète Alessandro Manzoni, mort en 1873 et qui s'était engagé comme lui pour l'unité italienne au sein du Risorgimento, dans un idéal de justice et d'humanité. Verdi fut si ébranlé par la mort de Manzoni qu'il ne put se joindre au cortège funèbre.

L’œuvre a comme origine une commande passée à plusieurs compositeurs italiens pour écrire une messe de requiem à la mémoire de Gioachino Rossini mort le 13 novembre 1868, pour laquelle Verdi composa la treizième et dernière partie, le Libera me. La Messa per Rossini n’ayant jamais été exécutée, Verdi envisagea rapidement de composer un Requiem entier à partir du Libera me mais le projet ne prit forme qu'avec la mort de Manzoni. Verdi offrit à la municipalité de Milan la composition d'une messe en son honneur, d'où le titre originel de Requiem de Manzoni.

La création eut lieu le jour du premier anniversaire de la mort de Manzoni le 22 mai 1874 en l'église San Marco de Milan sous la direction du compositeur lui-même1. Le Requiem fut accueilli avec un grand enthousiasme et trois autres exécutions furent réalisées à la Scala. Verdi dirigea le Requiem huit jours après à Paris, à l'Opéra-Comique, puis en 1875 à Londres et à Vienne. En Allemagne, les premières ont eu lieu en décembre 1875 à Cologne et Munich.


19/03/2025 : Tosca de Giacomo Puccini (1900)

Giacomo Puccini, de son nom complet Giacomo Antonio Domenico Michele Secondo Maria Puccini, né le 22 décembre 1858 à Lucques (grand-duché de Toscane) et mort le 29 novembre 1924 à Bruxelles, est un compositeur italien, considéré comme l'un des plus grands compositeurs de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

Issu d'une famille dans laquelle cinq générations de musiciens se sont succédé, il porte le même prénom que son arrière-arrière-grand-père Giacomo Puccini (1712-1781), organiste et compositeur de musique sacrée du XVIIIe siècle, et est le fils de Michele Puccini (1813-1864), le petit-fils de Domenico Puccini (1772-1815) et l'arrière-petit-fils d'Antonio Puccini (1747-1832).

 

Puccini a pensé à mettre en musique la pièce de Victorien Sardou, créée par Sarah Bernhardt, et finit par obtenir l'autorisation de l'auteur, qui accepte la suppression d'un acte de la pièce (le deuxième), mais exige le maintien de la fin, rapide et violente, de l'ouvrage. La première représentation le 14 janvier 1900 fut un échec complet. La critique se montre sans pitié. Mais le public, d'abord réticent, va en faire rapidement un grand succès populaire. La Scala reprend l'œuvre dès le 17 mars sous la baguette d'Arturo Toscanini. L'œuvre est créée à Paris le 13 octobre 1903 sous la direction d'André Messager et ne rencontre pas non plus de succès, avant sa reprise en 1908.

L'action se déroule à Rome en juin 1800.

Les troupes françaises ont instauré en 1798 une « République romaine ». Ferdinand Ier des Deux-Siciles et son épouse, la reine Maria Caroline, aidés des Anglais, reprennent la ville l'année suivante, et le baron Scarpia est chargé de mettre sur pied une police secrète. C'est sur cette toile de fond que se joue l'action de l'opéra.

26/03/2025 : Amy Beach (1867-1944)

Amy Beach est une compositrice et pianiste américaine, née Amy Marcy Cheney à Henniker (New Hampshire) le 5 septembre 1867, morte à New York le 27 décembre 1944.

De talent précoce, dotée de l'oreille absolue et synesthète1, après avoir étudié adolescente le piano et la composition dans son pays natal avec Ernst Perabo (mais elle fut surtout autodidacte), Amy Cheney fait ses débuts professionnels comme pianiste en 1883. Deux ans après, en 1885, elle épouse le docteur Henry Harris Aubrey Beach et restreint alors considérablement ses activités de concertiste (se consacrant à la composition), qu'elle reprendra activement au décès de son mari en 1910, effectuant notamment une grande tournée en Europe qui s'achève en 1914, année où elle regagne les États-Unis. Elle met un terme à ses activités en 1940.

On lui doit des compositions (qu'elle signe souvent Mrs. H.H.A. Beach, en reprenant les initiales des prénoms de son mari) dans des domaines très variés : piano, musique de chambre, mélodies (songs, en anglais) pour voix et piano, œuvres chorales (pour diverses formations, dont une Grande Messe avec orchestre), un concerto pour piano, une symphonie (dite gaélique) et un opéra (Cabildo).

 


30/04/2025 : Francis Poulenc (1899-1963)

 

Francis Poulenc est un compositeur et pianiste français, né le 7 janvier 1899 à Paris où il est mort le 30 janvier 1963.

Le père de Francis Poulenc, Émile Poulenc (1855-1917), est l’un des fondateurs des établissements Poulenc frères qui deviendront plus tard le groupe Rhône-Poulenc. Sa mère, Jenny-Zoé Royer (1864-1915), fille d’artisans parisiens, lui apprend le piano dès l'âge de cinq ans. À partir de 1915, il se perfectionne auprès de Ricardo Viñes, qui lui fait rencontrer notamment Erik Satie, Claude Debussy et Maurice Ravel.

Pendant son enfance, il est fréquemment à Nogent-sur-Marne où habite son grand père, Louis François Royer, au 4 rue de la Muette, et où par ailleurs sa sœur Jeanne est née le 26 mai 1886.

Après une scolarité au lycée Condorcet, il connaît à dix-huit ans une première réussite lors d’un concert de musique « d’avant-garde » donné au théâtre du Vieux-Colombier, dirigé alors par la cantatrice Jane Bathori. Sa Rapsodie nègre (1917) lui ferme la porte du Conservatoire de Paris4, mais attire l’attention du compositeur Igor Stravinsky, dont l'appui lui permet de faire publier ses premières œuvres aux éditions britanniques Chester.

Grâce à son amie d’enfance Raymonde Linossier (1897–1930), il fréquente en compagnie de son ami Georges Auric (son « frère jumeau ») la Maison des amis des livres, tenue par Adrienne Monnier. Il y fait la connaissance des poètes d’avant-garde, tels que Jean Cocteau, Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Paul Éluard, dont il mettra de nombreux textes en musique.

Il compose Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée (1918), un cycle de mélodies reprenant des poèmes de l'œuvre éponyme de Guillaume Apollinaire, et en confie la première exécution à Suzanne Peignot (1919). C'est à cette époque que se crée, sous l'impulsion de Jean Cocteau et d'Erik Satie, un collectif de jeunes compositeurs que le critique Henri Collet surnomme en 1920 le « groupe des Six », en référence au « groupe des Cinq » russes. Constitué, outre Francis Poulenc, de Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud et Germaine Tailleferre, il se veut une réaction contre le romantisme et le wagnérisme, mais aussi, dans une certaine mesure, contre le courant impressionniste, incarné notamment par Claude Debussy. Le groupe des Six ne créera pourtant que deux œuvres collectives : un recueil pour le piano, Album des Six, et un ballet, Les Mariés de la tour Eiffel (sur un texte de Cocteau).

La mort de plusieurs amis et celle du compositeur et critique Pierre-Octave Ferroud, puis un pèlerinage à Rocamadour en 1935, le ramènent vers la foi catholique dont il s’était détourné depuis la mort de son père, en 1917. Même s'il continue à composer des mélodies légères, comme les Quatre chansons pour enfants (1934) sur des textes de Jean Nohain, certaines de ses œuvres se font plus sombres et austères.

Le 7 novembre 1948, il donne son premier récital avec Pierre Bernac aux États-Unis. Il y rencontre notamment la soprano Leontyne Price, qui le met au programme de ses récitals, et le compositeur Samuel Barber, dont les Mélodies passagères seront créées à Paris par Bernac et Poulenc en février 1952.

Il est suivi en 1958 par La Voix humaine, tragédie lyrique d’après Cocteau, dédiée à son dernier amour, Louis Gautier, un travailleur manuel rencontré en 1957. En 1960, il est aux États-Unis pour les créations des Mamelles de Tirésias et de La Voix humaine. Son Gloria pour soprano solo, chœur mixte et orchestre est créé simultanément à Boston par Charles Munch et à Paris par Georges Prêtre (janvier-février 1961). La même année, il publie un livre sur Emmanuel Chabrier.

Il meurt le 30 janvier 1963 d'une crise cardiaque à son domicile du 5, rue de Médicis, face au jardin du Luxembourg. Il est enterré à Paris, au cimetière du Père-Lachaise (division 5) avec sa nièce, Brigitte Manceaux (1914 - 1963), fille de Jeanne Poulenc, qui fut sa secrétaire et confidente.

Ses deux dernières compositions sont créées de façon posthume en avril et juin 1963 : la Sonate pour hautbois et piano par Pierre Pierlot et Jacques Février, et la Sonate pour clarinette et piano par Benny Goodman et Leonard Bernstein.

Le critique Claude Rostand, pour souligner la coexistence chez Poulenc d’une grande gravité due à sa foi catholique avec l’insouciance et la fantaisie, a forgé la formule célèbre « moine ou voyou ». Ainsi, à propos de son Gloria, qui provoqua quelques remous à sa création, le compositeur lui-même déclara : « J’ai pensé, simplement, en l’écrivant à ces fresques de Benozzo Gozzoli où les anges tirent la langue, et aussi à ces graves bénédictins que j’ai vus un jour jouer au football. »

28/05/2025 : Les compositrices de jazz

Après les musiques expérimentales, place aux femmes pionnières dans la musique jazz... Trop souvent oubliées, ces pionnières n’ont pas toujours eu la notoriété qu’elles méritaient.

Quand on parle de jazz au féminin, on pense tout de suite à Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan, Billie Holiday ou Dinah Washington.  En effet, jusqu’aux années 1950, la place octroyée aux femmes dans le monde du jazz était le plus souvent celle de chanteuse dans des orchestres masculins. Ce qui a permis à certaines d’occuper le devant de la scène et d’obtenir une large reconnaissance. Cependant des instrumentistes, compositrices ou cheffes d’orchestre moins visibles ont très tôt participé à l’essor de cette musique dans un contexte peu propice à leur émancipation. Trop souvent oubliées par les historiens, ces pionnières n’ont pas toujours eu la notoriété qu’elles méritaient. En voici quelques unes.

Lilian Hardin Armstrong, pianiste, chanteuse américaine (1898, Memphis – 1971, Chicago)

 Après un apprentissage classique, elle débute en 1917 dans l’Original Creole Jazz Band sous la direction de Freddie Keppard puis de King Oliver. Elle épouse Louis Armstrong en 1924 et intègre ses orchestres Hot Five et Hot Seven. Dans les années 1930, elle dirige des orchestres féminins dans diverses institutions. À partir de 1940 elle se produit seule en Europe et au Canada et devient la soliste attitrée du Red Arrow Club dans l’Illinois durant une dizaine d’années. Son jeu proche du ragtime est dynamique et fourni.

Mary Lou Williams, pianiste, compositrice américaine (1910, Atlanta - 1981, Durham)

Surnommée « la première dame du clavier jazz », c'est une des premières femmes instrumentistes à être mondialement reconnue dans ce domaine. Musicienne précoce, Mary Elfrieda Scruggs se produit en concert dès l’âge de 6 ans. À 15 ans elle est pianiste dans l’orchestre de John Williams qu’elle épouse en 1927. Elle enregistre ses premiers disques, compose et arrange pour le big band de son mari. À 19 ans elle est la seule femme instrumentiste dans l’orchestre d’Andy Kirk. À partir des années 1940 elle dirige ses propres ensembles, compose et arrange pour Louis Armstrong, Duke Ellington ou Benny Goodman. Toujours à l’écoute de son époque, son style n’a jamais cessé d’évoluer.

Marian McPartland, pianiste américaine (1920, Windsor (GB) –  2013, New-York)

Après un apprentissage du violon et du piano en Angleterre, elle entame une carrière professionnelle pendant la Deuxième Guerre mondiale dans le cadre du Théâtre des armées avec le pianiste Bill Mayerl. Elle y rencontre le cornettiste et chef d’orchestre Jimmy McPartland avec qui elle part s’installer aux USA pour tourner avec son orchestre. Elle se produit ensuite souvent en solo et dans de plus petites formations. Elle crée en 1963 son propre label Halcyon, puis dans les années 1980 une émission de radio « Marian McPartland Piano Jazz » et une émission de télévision « Women in Jazz » qui permettent de diffuser plus largement le jazz féminin.

Mary Osborne, guitariste et chanteuse américaine (1921, Minot – 1992, Bakersfield)

Après un apprentissage du violon, du ukulele et de la guitare en famille, elle commence à chanter à la radio et dans l’orchestre paternel à l’âge de 12 ans. Elle débute avec un trio féminin et découvre la guitare électrique avec Charlie Christian. Dès lors, elle adopte l’instrument et se produit en 1945 à Philadelphie avec Dizzy Gillespie, Art Tatum, Coleman Hawkins et Thelonious Monk. Elle enregistre avec Mary Lou Williams et continue de jouer en club avec son trio. Elle s’installe en 1958 en Californie où elle crée sa marque de guitare et fonde un quartette qui officie sur la côte ouest. Son style révèle beaucoup de « feeling » et un jeu en accords très assuré.

Melba Liston, tromboniste, compositrice et arrangeuse américaine (1926, Kansas City - avril 1999, Los Angeles)

Melba Liston débute très tôt dans des orchestres juniors à Los Angeles. Elle intègre l’orchestre de Gerald Wilson en 1943 et commence à écrire des arrangements. Dans les années 1940 elle enregistre avec le saxophoniste Dexter Gordon, elle accompagne Billie Holiday et rejoint l’orchestre de Dizzy Gillespie. Elle dirige un quintette féminin à la fin des années 1950 et part en Europe avec l’orchestre de Quincy Jones. Tromboniste très expressive, elle est aussi réputée pour la qualité de ses arrangements qu’elle réalise pour de nombreux musiciens tels Charles Mingus, Randy Weston, Ray Charles…

Toshiko Akiyoshi, pianiste, arrangeuse, compositrice et cheffe d’orchestre américaine (1929,, Dairen (Mandchourie)-)

De formation classique, elle découvre le jazz lors de son installation au Japon en 1946. Elle apprend sur le tas avec diverses formations et se fait remarquer par des musiciens américains en tournée au Japon. Cette connexion va déclencher sa carrière aux USA à la fin des années 1950 : enregistrements, tournées avec Charles Mingus et Charlie Mariano qui devient son mari. Au début des années 1970 elle fonde un Big Band avec son second mari le Toshiko Akiyoshi Jazz Orchestra featuring Lew Tabackin qui connait un rayonnement mondial. Fougueux et puissant, son jeu sait aussi se faire délicat et romantique.

Dorothy Ashby, harpiste et compositrice américaine. (1932, Detroit- 1986, Santa Monica)

Dorothy Jeanne Thompson étudie tôt le piano puis le saxophone et la contrebasse avant de choisir la harpe. Quasiment absent de l’univers du jazz, son instrument va pourtant se faire une place dans différents ensembles qu’elle va intégrer. Elle accompagne Richard Davis, Ed Thigpen, Louis Armstrong et Woody Herman. Son trio, avec son mari John Ashby à la batterie, enregistre plusieurs albums. Élue meilleure instrumentiste par le magazine Downbeat en 1962, elle honore de nombreux engagements en studio et compose des musiques pour des comédies musicales. Dans les années 1970, sa réputation gagne le milieu de la soul music. Bill Withers, Stevie Wonder, Bobby Womack ou Earth Wind & Fire font appel à ses services.

Shirley Scott, organiste, pianiste et chanteuse américaine (1934, Philadelphie – 2002, Philadelphie)

Surnommée « La Reine de l’orgue », Shirley Scott a enregistré une cinquantaine de disques sous son nom de la fin des années 1950 aux années 1990. Elle étudie le piano et la trompette à Philadelphie et débute dans l’orchestre de son frère. Elle joue de l’orgue aux côtés de John Coltrane (!) dans le groupe The Hi Tones. Elle monte un trio avec Lockjaw Davis à New York à la fin des années 1950. Mariée à Stanley Turrentine en 1960, elle enregistre plusieurs albums avec lui dans un style de plus en plus funky tout en poursuivant sa carrière avec son trio. Elle revient à Philadelphie dans les années 1970 pour enseigner et continuer de se produire en trio.

International Sweethearts of Rhythm (1937 Mississippi)

Malgré une forte activité durant les années 1940, cet orchestre entièrement féminin est totalement absent de l’histoire du jazz.  Il s’est constitué essentiellement avec des jeunes filles afro-américaines issues d’un orphelinat. L’excellence de ses 17 instrumentistes a permis à l’ensemble de tourner dans tous les États-Unis et en Europe.  Le groupe s’est dissout après la Deuxième Guerre mondiale suite au désengagement de certaines solistes qui ont tenté l’aventure individuelle.

Carla Bley, Pianiste, organiste, cheffe d’orchestre et compositrice américaine (1938, Oakland-)

Pianiste autodidacte, Carla Borg quitte le foyer familial à 15 ans et devient vendeuse de cigarettes au club Birdland à New York. Elle y rencontre le pianiste Paul Bley qu’elle épouse en 1957. Dès 1959 ses compositions sont jouées par Jimmy Giuffre, Paul Bley et George Russell. En 1964, elle codirige avec le trompettiste Michael Mantler la Jazz Composer’s Orchestra Association (JCOA) qui joue aux USA et Europe. En 1968 elle l’épouse et commence avec lui l’écriture de l’opéra Escalator Over the Hill tout en collaborant avec le Liberation Music Orchestra de Charlie Haden. Toujours avec Mantler elle crée en 1973 une compagnie de disque, WATT, qui servira d’écrin à toutes leurs productions. Depuis plus de cinquante ans, elle écrit et arrange pour les big bands qu’elle dirige. Depuis 2003, elle compose pour des formations plus restreintes ou en duo avec le bassiste Steve Swallow son compagnon depuis 1991. Son œuvre témoigne d’une liberté d’esprit et d’un humour peu communs.

04/06/2025 : Paysages sonores et Field recording

 Avec l’invention de l’enregistrement à la fin du XIXe siècle, une révolution sans précédent s’apprête à bouleverser la musique. Les artistes vont pouvoir capter et intégrer les sons du monde à leurs œuvres. Une sonothèque planétaire se met en place et ne cesse de s’enrichir jusqu’à nos jours. Cette conférence, destinée aux néophytes comme aux mélomanes avertis, s’intéresse à de nombreuses pistes que les musiciens savants comme les bidouilleurs de génie ont pu proposer dans cette voie. Elle évoque notamment la musique concrète, le concept d’écologie sonore, le reportage sonore, la notion de field recording et bien d’autres aspects de la création contemporaine.

Le field recording, ou enregistrement de terrain, est une pratique apparue logiquement à la fin du xixe siècle avec l’invention de systèmes d’enregistrement, de plus en plus portables. Peu à peu, le studio perd de sa fatalité et l’homme peut partir par les chemins pour capter quantité de musiques et de sons. Les premiers à se lancer sont les ethnomusicologues et les audio-naturalistes. Les uns sont en quête des musiques de divers peuples de la terre, vivant souvent loin des grandes villes et de leurs facilités logistiques. Les autres souhaitent quant à eux conserver la trace des sons de la nature.
Le chant de l’oiseau-lyre d’Australie, les vents de Patagonie, les flûtes sacrées Aré’ aré des Îles Salomon, les vibrations des bâtiments de nos villes ou les louanges exaltées des pêcheurs de perles de Bahreïn ne sont que quelques exemples des innombrables sons et musiques abordés dans cet ouvrage consacré à la pratique du field recording, de l’enregistrement de terrain. Tout au long du xxe siècle, des hommes ont parcouru le monde afin de capter des curiosités sonores pour des raisons scientifiques, patrimoniales et esthétiques. Ce sont des audio-naturalistes, des collecteurs de musique traditionnelle, mais aussi des compositeurs avides de découvrir un nouveau matériau musical. Les microphones sont leurs outils, voire leurs instruments, l’écoute est leur méthode d’approche. En sortant du studio, ils prennent le risque de se confronter à l’imprévisible, à l’incontrôlable, au fragile parfois. Ils se nomment Alan Lomax, Chris Watson ou encore Luc Ferrari.
Cent disques rendent ici compte de leur quête, toujours en cours, du « chant du monde ».

Détail
Animateurs/Professeurs
Guillaume KOSMICKI
Lieu
Océanis Ploemeur
Durée
02h00
Session
Prix
34
Nombre de places
150